Page 21 - Des jardins et des hommes
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Les jardins de Gilles Clément
personnes jusqu’alors proches se sont éloignées
de moi pendant un moment, ensuite elles sont
revenues. Une telle décision fait peur. Mais
j’avais la conviction que rien n’était infaisable.
Il suffisait d’avoir le temps. J’avais monté une
tente marabout sur place et à Paris j’habitais
dans un petit studio que je louais. Je travaillais
quinze jours par mois pour gagner ma vie, ce
qui était bien suffisant. J’avais donc quinze
jours par mois pour construire, ce qui était le
plus important.
Les pierres, j’en ai trouvé ici jusqu’à un mètre
du sol, ensuite il a fallu que j’en fasse livrer. Il y
avait une carrière de pierres non loin, un certain
monsieur Fleur me les livrait, avec un tout petit
camion, qui pouvait passer.
Cette construction représentait quelque chose
de très naturel et de très important aussi. Cela
revenait à faire la démonstration que c’était
possible. Une pierre, ça se bouge, un homme
seul peut la déplacer, mais bien plus difficile-
ment manipuler les grands pans de bois, les
panneaux préfabriqués. J’étais parfois aidé par
des amis, des étudiants, dont certains ont aussi
finalement construit leur propre maison à
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