Page 25 - Des jardins et des hommes
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Les jardins de Gilles Clément


                  construit en fonction de son vécu, de sa sensibi-
                  lité. Face à une plante, une perspective, une
                  lumière, on fait des choix différents. La balance
                  de l’ombre et de la lumière est une recherche
                  délicate, importante, dans la composition du
                  jardin. Et elle est difficile à faire durer dans le
                  temps, puisque tout est en perpétuelle évolu-
                  tion. Les arbres apportent de l’ombre, ils gran-
                  dissent, transforment l’espace… c’est tout le
                  travail du jardinier par rapport à celui de paysa-
                  giste  ou de  l’architecte qui  conçoit  quelque
                  chose de formel et de statique. Le jardin change
                  sans cesse. Il change même beaucoup avec le
                  temps. Donc le jardinier va jouer avec ces trans-
                  formations. Il va privilégier certaines couleurs,
                  certaines formes. Chaque jardin porte donc une
                  note, singulière, une signature, en quelque
                  sorte. Qui peut se révéler dans presque rien.
                  Quelqu’un l’autre jour est venu ici et a remarqué
                  que je ménage les molènes, ces plantes qui
                  poussent dans les décombres. Ici elles sont
                  isolées, on tond l’herbe autour d’elles, donc on
                  les voit très bien. Pour cette personne, c’était la
                  signature de Gilles Clément. Pourtant, moi je
                  ne sais pas quelle est ma singularité dans l’his-




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