Page 19 - Des jardins et des hommes
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Les jardins de Gilles Clément


                  dans les embouteillages, au point de n’en plus
                  pouvoir. Au bout de quelques années, j’ai choisi
                  d’arrêter la réalisation de jardins pour les parti-
                  culiers et de me tourner vers les commandes
                  publiques ; de trouver un terrain pour y installer
                  un jardin et une maison, d’abandonner la
                  camionnette et Paris.


                   Pendant un an, j’ai cherché un lieu où m’ins-
                  taller. Je suis retourné dans ma région d’origine,
                  la Creuse. J’ai appris, en discutant avec les gens
                  d’ici, qu’un terrain n’intéressait pas ceux qui le
                  possédaient, il faisait partie des terrains aban-
                  donnés, car inaccessibles aux engins agricoles,
                  alors j’ai pu l’acheter.
                   Entre 1977 et 1980, j’ai construit une maison
                  sur ce terrain, à l’endroit où je venais enfant
                  faire mes premières expériences d’entomolo-
                  giste. Une « cabane de pierre » dans une clai-
                  rière, au cœur d’un vallon encombré et d’un
                  petit bois, La vallée, ce nom lui est resté. Son
                  relief  est ingrat pour un  exploitant  agricole,
                  mais pour moi il est heureux en tant que paysage
                  réel et mental. J’ai donc décidé d’y habiter, d’en




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