Page 17 - Des jardins et des hommes
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Les jardins de Gilles Clément


                  des landes, qui ont disparu aujourd’hui, s’éten-
                  daient, maintenues par un pâturage, sur ce que
                  l’on appelle les « côtes de la Creuse », des reliefs
                  assez pentus au bord du lac. Les bruyères
                  pouvaient pousser. Des chèvres, des moutons et
                  même des vaches paissaient et maintenaient
                  l’ouverture de ce paysage que je trouvais très
                  beau. Je me souviens qu’il était tellement réussi
                  à certains endroits qu’un jardinier paysagiste
                  n’aurait pu faire mieux.
                   Voilà, c’est juste ça. Jeune, j’aimais me balader
                  dans la nature et percevoir ce genre de choses.
                   Je venais souvent, dans « la Vallée », un vallon
                  abrité des vents, pour observer coléoptères et
                  papillons. Toute une partie de ce terrain appar-
                  tenait  à  un  vieux  monsieur,  Sylvain,  qui  est
                  mort à 99 ans, et qui fauchait le pré ici. Il faisait
                  du regain et utilisait le système d’irrigation « en
                  levade » grâce à une déviation du ruisseau. Le
                  site était magnifique.
                   La région se composait de petits élevages, de
                  petites propriétés. Tout cela a disparu et les
                  descendants des petits fermiers se sont tournés
                  vers l’exploitation de terres beaucoup plus
                  accessibles, en abandonnant tout ce qui ne




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