Page 24 - Des jardins et des hommes
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des jardins et des hommes


                  jardinage, comportant un potager et un verger,
                  pour les adolescents en psychiatrie.
                   Cette vertu équilibrante tient sans doute au
                  dialogue qui s’instaure avec une vie que la
                  nature invente. Celui qui s’occupe d’un jardin
                  vit dans la surprise. Une surprise presque
                  toujours heureuse, qui éloigne la nostalgie ou
                  les sentiments négatifs. On se trouve sur le
                  terrain, en dialogue avec et pour le futur. La
                  plantation d’une graine vous tire vers demain et
                  vous éloigne des problèmes passés que vous
                  avez pu rencontrer. On passe dans un registre
                  que j’appelle territoire mental d’espérance. Si le
                  jardinier a compris la tâche qu’il accomplit
                  pour pailler le sol avec les herbes qu’il enlève
                  parce qu’elles gênent la plante qu’il veut garder,
                  il se place dans un rapport très particulier au
                  temps. Il ne s’y heurte pas. Il ne sait plus s’il a
                  passé une heure ou dix minutes. Il accompagne
                  le temps, puisqu’il accompagne la durée du jour
                  et des saisons. Plus d’injonction à la rentabilité,
                  à la compétitivité. Cela change tout. Il faut
                  donner des jardins à ceux qui vont mal.


                   Un jardin, c’est très personnel, puisqu’on le




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