Dans le porte-monnaie des retraités

Portraits chiffrés de six retraités français

par Julien Duriez Logo La Croix
Crédit photo: Sonia Yassa pour La Croix

Alors que commencent à se dessiner les grands principes de la réforme du système de retraite, nous avons demandé à six retraités, aux revenus et aux statuts différents, de nous ouvrir leurs carnets de comptes. L’occasion de recueillir leur sentiment sur l’évolution de leur pouvoir d’achat ces dernières années. Et, plus globalement, d’interroger leur statut de retraités français, en 2019.

Qui sont les retraités français et combien gagnent-ils ? Il y avait 16 millions de retraités en France à la fin de l’année 2015, qui touchent en moyenne 1 376 € brut de pension de droit direct, tous régimes confondus, selon la dernière étude disponible de l’Insee.

Après l’inclusion des revenus complémentaires que sont des loyers, les placements, les aides sociales et les pensions de réversion, le revenu moyen des retraités s’élève à 2 049 €, qui égale quasiment celui des actifs (2 062 €) et qui est supérieur à celui de l’ensemble des Français (1 946 €).

Cette moyenne illustre toutefois mal la réalité des revenus des retraités. Un retraité sur 10 dispose d’un niveau de vie inférieur à 1 080 € par mois, note l’Insee. De l’autre côté du spectre, un retraité sur dix vit avec plus de 3 230 € par mois.

Alors que la réforme du système de retraite, devant se clore cette année, prend du retard, La Croix a demandé à sept retraités, aux statuts et aux revenus différents, d’ouvrir leurs carnets de comptes. À travers cette comptabilité, toujours très bien tenue pour les retraités les plus modestes et plus aléatoires pour ceux qui gagnent davantage, se dessine le portrait contrasté des retraités français.

La plupart des personnes interrogées vivent dans un logement qu’ils ont fini de payer, ce qui leur permet de ne pas trop perdre en pouvoir d’achat après le passage à la retraite et la perte de revenus qui l’accompagne. Mais pour certains, la sous-revalorisation des pensions en 2019 et la hausse de la CSG, une mesure sur laquelle le gouvernement est revenu en partie, a remis en cause cet équilibre.

À la lumière des témoignages d’une professeur de français, d’un chauffeur de poids lourds, d’un médecin, d’une psychologue, d’un agriculteur et d’une ancienne salariée de France Télécom, plongeons dans la réalité des comptes de Français, retraités de longue date ou qui viennent tout juste de cesser leur activité.

► Pour retrouver tous les articles sur la réforme des retraites sur le site de La Croix :

« Nous taxer une fois à la retraite, c’est profondément injuste »

Dominique, 68 ans, ancienne professeure de français

Dominique dans sa maison de la banlieue de Bordeaux.
Rodolphe Escher pour La Croix
68 ans
À la retraite depuis 2008
Revenus en activité : 2 400 € sans les primes
Pension : 2 400 €

Professeure dans l’enseignement privé pendant quarante ans dans la banlieue de Lille, Dominique n’a pas le statut de fonctionnaire. Toutefois, grâce au dispositif Retrep (Régime temporaire de retraite des maîtres des établissements d’enseignement privé), elle a pu profiter des mêmes conditions de départ à la retraite que les enseignants du public.

Après avoir eu trois enfants et avoir cotisé pendant quarante ans, l’ancienne enseignante de français a pu partir dès 60 ans. L’enseignante aurait pu avoir une retraite plus confortable si elle avait choisi de continuer à travailler : « Mais à cette époque, mon père était malade. Et mon mari, déjà à la retraite, m’a encouragée à partir » , explique-t-elle. Son « objectif de vie, poursuit-elle, ce n’est pas de gagner plus d’argent. Je préfère plutôt profiter au maximum de mes proches et de mes petits-enfants. »

Quelques mois après son départ à la retraite, Dominique et son mari ont choisi de déménager près de Bordeaux, pour se rapprocher de leur famille et profiter du climat, plus clément que dans les Hauts-de-France. Elle habite aujourd’hui dans une maison avec piscine, où elle accueille chaque été ses six petits enfants, âgés de 4 à 15 ans.

Description de l'image

Après avoir passé toute sa vie dans le Nord, Dominique a décidé de déménager près de Bordeaux pour y passer sa retraite.

Rodolphe Escher pour La Croix

Depuis, Dominique estime ne pas avoir perdu en pouvoir d’achat. Elle a tout de même très mal accueilli la nouvelle de l’augmentation de la CSG, qui a notamment touché les retraités : « Je n’ai pas l’impression de faire partie des classes les plus riches. Pourtant, augmenter la CSG nous a fait perdre 500 € par an ! »

L’enseignante a bénéficié d’une augmentation de 0,8 % de son salaire pendant ses quinze dernières années. « Les professeurs de français sont très mal payés par rapport aux autres pays » , estime Dominique, dont la fille, qui travaille comme professeur de français aux États-Unis, gagnait le double de son salaire dès le début de sa carrière. « Me taxer maintenant que je suis à la retraite, continue Dominique, c’est la double peine, je trouve cela profondément injuste. » ♦

SON BUDGET
Logement : Dominique et son mari sont propriétaires de leur maison. Les charges (eau et électricité) s’élèvent à 120 € par mois. Ils paient 190 € d’impôts locaux par mois
Nourriture et dépenses courantes : 500 € par mois de courses et 180 € par mois de mutuelle pour le couple
Transport : 30 € d’essence par mois payés par Dominique
Fiscalité : 400 € d’impôts sur le revenu par mois pour le couple
Loisirs : 3 000 € par an pour les vacances du couple, qui loue un gîte chaque été et fait environ deux voyages à l’étranger par an, dont l’un pour rendre visite à leur fille qui habite aux États-Unis

► Pour retrouver les videos sur les questions qui fâchent sur les retraites sur le site de La Croix :

« Travailler comme taxi me permet de compléter ma pension »

Didier, 61 ans, ancien chauffeur de poids lourd

Didier dans le jardin de sa maison, dans une petite ville à quinze minutes de Rennes.

Thierry Pasquet pour La Croix
61 ans
À la retraite depuis 2017
Revenus en activité : presque 2 000 € avec les primes
Pension : 1 200 €

Parmi ses amis et voisins, il est souvent considéré comme « le plus ’jeune’ des retraités » de sa petite ville, située à 15 minutes de voiture de Rennes, qui en compte pourtant beaucoup. À bientôt 62 ans, Didier est à la retraite depuis deux ans, après avoir profité du dispositif carrière longue.

Le Breton a commencé à travailler tôt et a souvent changé de métiers, au gré de licenciements et d’accidents de vie. À 15 ans, il est embauché comme apprenti mouleur dans une fonderie. Il travaille ensuite comme menuisier pendant dix ans, avant de trouver une place de « ripeur », puis de chauffeur de camion, pour une société spécialisée dans la collecte de déchets. Il y a quelques années, à cause d’un problème de dos qui l’empêche de reprendre son travail, Didier est licencié et passe par une période de chômage, avant de pouvoir faire valoir ses droits à la retraite.

Depuis, il s’occupe de son jardin, joue aux boules et va de temps en temps à la pêche. Récemment, il a retrouvé un petit job dans une société de taxis, pour le compte de laquelle il amène des enfants handicapés à l’école, le matin et le soir. « J’ai eu une grosse baisse de revenus en devenant retraité. Même si je suis plutôt privilégié par rapport à d’autres retraités qui ont beaucoup de mal à finir leur mois, faire quelques heures comme chauffeur me donne un revenu complémentaire. ça me donne aussi une raison de me lever le matin… »

Description de l'image

Didier a profité du dispositif carrière longue pour partir à la retraite dès 59 ans. Il a récemment retrouvé un travail de chauffeur pour conduire des enfants handicapés à l'école.

Thierry Pasquet pour La Croix

SON BUDGET
Logement : 750 € de remboursement de prêt pour la maison dans laquelle il habite avec sa compagne, aide à domicile, auquel s’ajoute 120 € environ de charges (électricité, eau et assurance) et 100 € d’impôts locaux.
Nourriture et dépenses courantes : 600 € de courses par mois, plus 150 € de téléphone et 180 € de mutuelle partagés avec sa compagne.
Transport : Son job de taxi lui rapporte 350 € par mois, ce qui lui permettra de financer le remplacement d’une des deux voitures du couple, vieillissante.
Fiscalité : 33 € pour le couple en 2018
Loisirs : Didier et sa compagne reçoivent beaucoup chez eux. Pour les vacances, ils s’arrangent le plus souvent pour échanger leur maison avec des amis qui habitent ailleurs en Bretagne. La carte de pêche de Didier lui coûte 50 € par mois
« Il y a une vraie violence à l’encontre des vieux »

Martine, 74 ans, ancienne psychologue pour enfant

Martine a continué à travailler à temps partiel après son départ à la retraite.

Sonia Yassa pour La Croix
74 ans
À la retraite depuis 2010
Revenus en activité : 3 800 €
Pension : 3 700 €

Après une vie professionnelle bien remplie, Martine, qui vient tout juste à 74 ans de prendre sa retraite, se considère aujourd’hui comme « une jeune vieille ». Cette Parisienne, encore engagée dans plusieurs associations, a eu plusieurs vies professionnelles.

« J’ai eu beaucoup de chance qu’on me propose de continuer à travailler une fois à la retraite, témoigne Martine. Je trouve ridicule de jeter les seniors alors qu’on est encore compétents, qu’on a l’expérience et plein de savoirs à transmettre. »

Continuer à travailler presque dix ans après son départ à la retraite l’a aidé à maintenir son train de vie. Mais depuis sa cessation complète d’activité, Martine a conscience d’entamer une autre phase.

« Je m’assume en tant que vieille dame, ça me va, développe l’ancienne psychologue. Pour autant, je trouve qu’il y a une vraie violence à l’encontre des vieux. » En 2008, Martine a participé à la création de l’association Old’Up, dont la raison d’être est de « donner du sens et de l’utilité à l’allongement de la vie », comme l’indique son site Internet.

Description de l'image

Martine dans son appartement parisien. La retraitée a participé à la création de l'association Old'Up, qui défend les droits des personnes âgées.

Sonia Yassa pour La Croix

Elle y défend les droits des personnes âgées et lutte contre leur isolement : « Je n’accepte pas les appellations qu’on donne, notamment dans les structures qui les accueillent, de ”petites mamies’ ou ’’petits papys’ sans leur demander leur avis… Les personnes âgées sont des personnes à part entière, c’est essentiel de le comprendre ! »

SON BUDGET
Logement : Martine et son mari sont propriétaires d’un appartement à Paris et d’une résidence secondaire en Bourgogne
Nourriture et dépenses courantes : Le couple emploie une femme de ménage, qu’il rémunère 800 € par mois. Il paie environ 1000 euros de nourriture et dépenses courantes.
Transport : Le couple dispose d’une voiture, dont il se sert notamment pour se rendre dans leur résidence secondaire
Fiscalité : Martine paie 800 euros d'impôts sur le revenu. Elle et son mari ont profité de la suppression de l’Impôt sur la fortune (ISF) en 2017
Loisirs : Le couple se paie un beau voyage par an (2 000 €). Martine et son mari sont abonnés à plusieurs journaux et revues (150 € par mois), se rendent souvent au cinéma (50 € pas mois)
« L’énergie et le carburant ont beaucoup augmenté ces dernières années »

David (1), 72 ans, ancien éleveur en Isère

David, qui reçoit comme beaucoup d'agriculteurs une petite pension de retraite, vit toujours avec sa femme dans sa ferme.

Pablo Chignard/Hanslucas pour La Croix
72 ans
À la retraite depuis 2012
Revenus en activité : 600 € (en moyenne)
Pension : 920 €

S’il vit toujours dans la ferme où il a longtemps exercé le métier d’éleveur, David (1) loue aujourd’hui ses terres à des voisins éleveurs de chevaux. Il a gardé pour son « épanouissement personnel » quelques brebis en pension et s’occupe « au jardin », une petite parcelle où il cultive des légumes.

Tout au long de sa carrière d’éleveur, David a toujours eu à cœur de garder une exploitation à taille humaine. Membre de la Confédération paysanne, dont il est représentant en Isère, il n’entre pas dans la course à l’équipement dans laquelle se sont engagés la plupart de ses voisins agriculteurs ces dernières décennies.

« Mes voisins directs, qui ont formé un très gros Gaec, ont aujourd’hui sept tracteurs de plus de 150 chevaux, des remorques de 30 tonnes… Moi j’ai gardé le même matériel pendant quarante-cinq ans et n’ai jamais dépassé 170 brebis. » Ses revenus ont pendant toute sa carrière été très modestes. « Agriculteur, c’est plus qu’un temps plein. Mais question revenus, ça ressemble plutôt à du temps partiel… » Aujourd’hui encore, c’est notamment grâce à la retraite de sa femme, enseignante à temps partiel dans le collège voisin, qu’il peut joindre les deux bouts.

Le potager, la basse-cour et les sept moutons qu’il a gardés permettent au couple d’économiser sur les dépenses courantes de nourriture. Malgré ses 72 ans et un souci à un tendon depuis une chute cet hiver sur une plaque de verglas, David continue à couper lui-même son bois, qui sert à chauffer la ferme en pierre pendant l’hiver, très rude dans sa région – jusqu’à – 24°.

« L’énergie et le carburant, ça pèse bien plus qu’avant, commente David. Les voitures aussi coûtent aussi bien plus cher. Et elles sont trop compliquées aujourd’hui pour que je puisse les entretenir moi-même… »

Description de l'image

David et sa femme profitent d'habiter à la campagne pour cultiver des légumes et se fournir en bois de chauffe eux-mêmes.

Pablo Chignard/Hanslucas pour La Croix

Le couple a élevé quatre enfants. Depuis qu’il n’en a plus à charge, il paie des impôts. « C’est à cause de ça que notre pouvoir d’achat a baissé après le passage à la retraite. » David et sa femme continuent d’en aider certains financièrement et offrent parfois des vacances aux petits-enfants, comme celles qu’ils ont passées à Venise récemment avec deux petites-filles. ♦

SON BUDGET
Logement : David et sa femme Bénédicte sont propriétaires de la ferme où ils habitent encore aujourd’hui. Ils dépensent 300 € par mois de charges (gaz, électricité, fioul, impôts locaux) et ont dû récemment faire réparer leur chaudière et changer les fenêtres qui dataient de leur installation en 1974 (5 000 €).
Nourriture et dépenses courantes : environ 300 € par mois pour le couple
Transport : les deux voitures du couple leur coûtent 375 € par mois. Bénédicte se rend régulièrement en train en région parisienne pour rendre visite à sa famille (600 €)
Fiscalité : 620 € par mois d’impôts sur le revenu pour le couple
Loisirs : David et sa femme suivent un cours de théologie (70 € à l’année) et profitent des activités culturelles gratuites proposées par leur commune. Ils dépensent 2 000 € par an en moyenne pour faire des voyages
(1) Le prénom a été changé
« Je n’ai pas l’impression d’être inactif »

Gérard, 67 ans, ancien médecin généraliste

Gérard et sa femme sont propriétaire d'une maison située près de Lille et d'une résidence secondaire dans les Alpes.

Aimée Thirion/Hans Lucas pour La Croix
67 ans
À la retraite depuis 2018
Revenus en activité : 6 500 €
Pension : 5 000 € de retraites environ, dont 2 000 € de pensions de la Carmf, la caisse des médecins généralistes, le reste de retraites complémentaires

Depuis qu’il a décidé de partir à la retraite l’an dernier, Gérard a l’impression de tout, sauf d’être inactif. S’il a ressenti le besoin de se reposer pendant les six premiers mois de sa retraite en dormant « douze heures par jour », fatigué de ses derniers mois comme médecin, le généraliste qui a quitté son cabinet agacé par « les contraintes administratives et la vision uniquement statistique de la médecine » de la Sécurité sociale, a gardé des vacations quatre fois par mois comme régulateur au Samu.

Le jeune retraité de 67 ans exerce également la médecine de manière bénévole au service de population fragile au sein de deux associations, l’Abej Solidarité et Médecin solidarité Lille (MSL) et se rend chaque semaine dans une salle d’escalade de la métropole lilloise, qu’il a contribué à ouvrir il y a près de vingt ans.

Description de l'image

À la retraite depuis peu, Gérard a gardé des vacations au Samu et exerce bénévolement pour deux associations lilloises.

Aimée Thirion/Hans Lucas pour La Croix

S’il reconnaît ne pas avoir à s’intéresser à l’évolution de son pouvoir d’achat, il estime payer trop d’impôts, notamment la CSG. « Je n’adhère pas au mouvement des ’Gilets jaunes’. Mais c’est vrai que quand on voit le niveau de revenus des dirigeants des grandes entreprises, on se dit qu’il y a un vrai problème d’équité. »

SON BUDGET
Logement : propriétaire avec sa femme d’une maison dans le Nord et d’un appartement à la montagne, Gérard paie 120 € d’impôts locaux par an.
Nourriture et dépenses courantes : 500 € environ pour lui et sa femme
Transport : revendiquant « un mode de vie très frugal », Gérard utilise beaucoup son vélo pour se déplacer. Il dépense environ 100 € par mois pour sa voiture
Fiscalité : Gérard paie chaque mois 300 € d’impôts sur le revenu, plus une soixantaine d’euros de CSG
Loisirs : il pratique l’escalade toutes les semaines dans une salle de la région lilloise et se rend deux à trois fois par an dans sa résidence secondaire dans les Alpes. Il se rend en Bulgarie, où habite l'un de ses fils, deux à trois fois par an (100 € le vol aller/retour)
« Le rôle de retraité est plutôt valorisant »

Régine, 81 ans, ancienne salariée de France Télécom

Sonia Yassa pour La Croix

Régine s'est engagé dans plusieurs associations dès son départ à la retraite, il y a bientôt 20 ans. Elle habite seule dans un appartement à Paris.

81 ans
À la retraite depuis 1998
Revenus en activité : 2 250 €
Pension : 1 900 € (pension d’État plus pension de réversion depuis la mort de son mari)

À tout juste 81 ans, Régine a fêté cette année les vingt ans de son passage à la retraite. La Parisienne, qui habite seule dans son appartement du Xe arrondissement, ancienne cadre de catégorie B au sein de France Télécom, est partie dès qu’elle l’a pu, après avoir cotisé à plein, après trente-huit ans et demi au sein de l’entreprise publique.

Lorsqu’on la questionne sur ses dernières années comme salariée de France Télécom, Régine est intarissable. Entrée dans les années 1960, l’octogénaire a vécu l’âge d’or de l’entreprise publique, celui où tous les Français s’équipaient en téléphones puis en Minitel.

Le changement de statut a été brutal. « Alors même que nous étions encore fonctionnaires, nous avons subi de grosses pressions pour vendre. Le résultat, c’est que des salariés se sont retrouvés au contact avec les clients, sans avoir été formés. Ils se retrouvaient à raconter n’importe quoi au public. »

Dès le lendemain de son départ à la retraite, Régine se lance dans le bénévolat. Au service d’une entreprise d’insertion d’abord. Puis à L’école européenne des grands-parents. À partir de 2008, elle intègre l’association Old’Up, qui défend les droits des seniors.

Description de l'image

La retraite de Régine, fonctionnaire pendant la majorité de sa carrière, n'a pas été revalorisée depuis cinq ans. Elle est partie une semaine en vacances l'année dernière.

Sonia Yassa pour La Croix

« Je trouve que l’image de retraités est plutôt bonne, témoigne l’ancienne fonctionnaire. C’est valorisant, par exemple, de s’engager comme bénévole ou de s’occuper de ses petits-enfants. » Régine a ainsi gardé sa petite-fille un jour par semaine pendant dix ans, avec beaucoup de plaisir.

Mais passé le seuil des 80 ans, le regard n’est plus le même, juge la retraitée, qui se sent moins estimée qu’avant. Certes, elle est respectée : « On me laisse systématiquement une place dans les transports » , note l’octogénaire. Mais cela ne suffit pas. « Nous avons besoin de la société, ajoute-t-elle. Mais la société a aussi besoin de nous ! »

SON BUDGET
Logement : Régine est propriétaire de son appartement parisien. Les charges et les impôts locaux lui coûtent près de 20 % de ses revenus, soit 380 € par mois
Nourriture et dépenses courantes : Pour elle et son fils handicapé, pour qui elle prépare souvent à manger, Régine fait près de 900 € de courses. « Le prix de la nourriture, c’est un vrai sujet à Paris ! D’autant que ma retraite n’a pas été revalorisée depuis cinq ans… »
Transport : Sa carte transport, qui lui permet de se déplacer dans toute l’Île-de-France, est gratuite. « Je suis juste en dessous du plafond » , explique Régine
Fiscalité : 160 € d’impôts sur le revenu par mois
Loisirs : Trois abonnements à des journaux et hebdomadaires. Régine s’achète des livres de temps en temps, va peu au cinéma ou au théâtre. Elle est partie une semaine en vacances l’année dernière

► La méthode :

Voici le détail de ce qui a été comptabilisé pour chacun des retraités interrogés.

  • Les différentes dépenses ont été arrondies et mises en commun à l’échelle du couple lorsqu’elles sont partagées. N’ont pas été pris en compte les revenus complémentaires (loyers, placements, aides sociales) ni les revenus des autres membres du couple.
  • Logement : loyer ou remboursement prêt, charges (eau, gaz, fioul, électricité, assurance), impôts locaux pour toutes les résidences
  • Transport : voiture (essence, assurance, péages…), cartes de transports, déplacements réguliers en train
  • Fiscalité : impôts sur le revenu, CSG
  • Loisirs : culture, sport, voyages