Une année avec Saint Augustin

13 e semaine, dimanche Dieu attend de nous une prière Augustin commente : Toi qui es bon, qui es doux et qui pardonnes, plein d’amour pour tous ceux qui t’appellent (Ps 85,5). P ermettez-moi de vous parler comme un homme, le premier venu, peut parler aux autres. Que chacun prenne son cœur et il examine sans flatterie, sans indulgence. Car il n’existe rien de plus insensé que de se flatter soi-même. Que chacun donc s’examine, re- garde ce qui se passe dans le propre cœur : la plupart du temps, les prières sont gênées par de vaines pensées, de telle sorte que le cœur peut à grand-peine se tenir en présence de Dieu. Le cœur veut bien se maîtriser pour rester ferme- ment tourné vers Dieu, mais il s’échappe, sans trouver de barrières qui l’arrêtent ou d’entraves pour retenir ses envolées, ses divagations, alors que demeurer en présence de Dieu serait pour lui source de joie. Parmi tant de prières, en est-il une seule qui retienne notre attention ? Parmi toutes nos prières, en est-il une seule qui nous retienne tournés vers Dieu ? Chacun dira peut-être : oui, c’est ce qui m’arrive, ce que tu viens de dire, mais un autre ne connaît pas ces difficultés. On pourrait le penser s’il n’y avait pas dans les Écritures ce texte où David prie en disant : Voilà pourquoi ton Serviteur, Seigneur, a retrouvé son cœur pour te prier (2 R 7,27). Il dit avoir retrouvé son cœur, comme si celui-ci avait coutume de fuir loin de lui, comme s’il le poursuivait sans arriver à l’atteindre et se voyait obligé d’avouer à Dieu : le cœur me manque (Ps 39,13). C’est pourquoi, en réfléchissant sur ce que dit ici le psalmiste : Toi qui es bon, qui es doux et qui pardonnes , il me semble que je vois ce qu’il veut dire par « doux ». Mets la joie au cœur de ton serviteur, mon cœur est tendu vers toi, Sei- gneur ! Toi qui es bon, qui es doux et qui par- donnes. Le psalmiste veut dire, je crois : « Dieu est bon, est doux », parce qu’il supporte nos fai- blesses et pourtant, il attend de nous une prière pour nous amener à la perfection. Quand nous lui adressons une prière, Dieu l’accepte et l’exauce. Il oublie toutes ces prières que nous formulons de manière si imparfaite. Cette prière qui, à grand-peine, nous tourne vers lui, il l’accepte. Imaginez un homme avec qui un ami com- mence à s’entretenir. Tout à coup, au moment où il voudrait lui répondre, il voit cet ami se détourner de lui et parler d’autre chose avec un autre. N’est-ce pas insupportable ? Dieu sup- porte tant de gens qui le prient des lèvres, mais dont le cœur est occupé par mille autres choses ; même sans parler des pensées coupables ou perverses ou dictées par la haine de Dieu. Les 13 e semaine, dimanche Temps ordinaire 433

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